Jeudi dernier, deux secrétaires nationaux de l’UMP, Bruno Beschizza et Sébastien Huygue, ont condamné la proposition faite par François Hollande de supprimer la pénalisation du racolage passif. Il s’agit pourtant d’une demande des associations de lutte contre le sida, des associations de santé communautaire et du STRASS, syndicat du travail sexuel. Nous condamnons la rhétorique sécuritaire et obscurantiste de ces deux représentantEs de l’UMP.
L’UMP se moque du sida
Bruno Beschizza et Sébastien Huygue font semblant d’ignorer que François Hollande s’exprimait sur Seronet, un site dédié à la lutte contre le sida. Ils ne parlent jamais de cette priorité. Le constat des scientifiques, des prostituées et des associations de terrain est unanime et a été maintes fois répétés : la pénalisation du racolage passif a aggravé les conditions des travailleurSEs du sexe et entravé le travail de prévention des associations.
Bruno Beschizza et Sébastien Huygue se moquent du sida. Ils condamnent Hollande à des fins électoralistes mais oublient que sur le travail du sexe, UMP et PS marchent main dans la main : un rapport parlementaire a été approuvé par les éluEs des deux partis, qui défendent tous deux la pénalisation du client. Pourtant, cette mesure aura elle aussi des conséquences catastrophiques sur la sécurité des travailleurSEs du sexe et sur la lutte contre le sida.
L’UMP se moque de la loi et des droits
Sébastien Huygue prétend que la loi a été efficace pour lutter contre le proxénétisme. C’est soit un aveu d’ignorance, soit un mensonge, comme le prouve le bilan fait par les députéEs dans le rapport parlementaire[[Rapport parlementaire présenté par Guy Geoffroy (UMP), p 112 : « En effet, son efficacité, au regard des mises en cause et des condamnations de proxénètes,
dont l’augmentation était l’objectif affiché de cette infraction, est quelque peu
décevante. Par ailleurs, ses effets indésirables sur les conditions d’exercice des
personnes prostituées doivent conduire à une réflexion pragmatique quant à son
opportunité. »
Page 116, des témoignages sur tous les effets néfastes de cette loi, y compris le recours aux proxénètes pour échapper à la police, prouvent qu’on est loin du triomphalisme des secrétaires de l’UMP.]]. Avec Beschizza et Huygue, l’UMP fait donc la promotion de lois qui n’atteignent pas leur objectif. Sébastien Huygue est pourtant député : quel respect pour le travail de ses collègues, y compris celles et ceux de son propre parti !
Les deux secrétaires ne précisent par ailleurs pas que la loi prévoyait une évaluation socio-sanitaire de son impact et ce, dès la première année de son application. Cette évaluation n’a jamais été faite. Avec Beshizza et Huygue, l’UMP fait donc la promotion de lois qui sont destinées à ne pas être respectées.
Enfin Sébastien Huygue prétend que l’application permet de protéger les travailleurSEs du sexe en les mettant en garde à vue. Enfermer pour protéger, plutôt que de donner des droits : c’est un résumé du projet politique de l’UMP.
L’UMP se moque des victimes de viols
Bruno Beschizza n’utilise la controverse sur le racolage passif que pour parler de viols. Il assimile donc prostitution et agressions sexuelles. Cet amalgame n’a qu’un effet : relativiser la gravité de ces dernières. Beshizza ne parle de viols que pour les placer sur le même plan qu’un rapport sexuel tarifé, ceci non pour améliorer la lutte contre les agressions sexuelles mais dans un but purement électoraliste. C’est une insulte aux victimes de viol que cautionne l’UMP en laissant son secrétaire national s’exprimer ainsi.
Nous exigeons :
– que Jean-François Copé s’excuse auprès des victimes de viol pour les propos tenus par son secrétaire national et pour l’utilisation électoraliste de leurs souffrances ;
– que Bruno Beschizza et Sébastien Huygue se tiennent informés avant de parler d’un sujet sur lequel ils sont visiblement incompétents ;
– que l’UMP cesse de passer sous silence les conséquences sanitaires catastrophiques de sa politique répressive en matière de prostitution ;
que l’ensemble des partis, notamment des partis de gauche, se prononcent contre la répression des prostituéEs, mais aussi de leurs clientEs.